Lettre à François Lenglet

Fiscalité macronienneJeudi 28/09 j'ai regardé en partie L'émission politique sur France 2 (une fois n'est pas coutume). Vous y intervenez au titre de l'économie. Un des sujets que vous avez abordés avec notre premier ministre Édouard Philippe est la suppression de l'Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF). Votre question à la 22ème minute de l'émission :

"Dans le budget que vous avez présenté, il y a 7 milliards de baisse d'impôts pour 2018. 60% de cette somme sont destinés à 2% de contribuables, les plus fortunés, 40%, une petite moitié à 98% des contribuables. Est-ce qu'il n'y a pas une disproportion manifeste ?"

D'abord, monsieur Lenglet, 40% ce n'est ni une petite moitié,  ni une grande moitié, ni une moyenne moitié. C'est moins que la moitié. Passons. Je trouvais que ça commençait bien. Qu'est-ce que le premier ministre allait pouvoir répondre à ce truisme déguisé en question. Réponse :

"Le budget que nous avons préparé, c'est un budget... D'abord... Je répondrai bien entendu à votre question..."

Bien que n'étant pas journaliste politique, je compris à ce moment-là qu'il n'y répondrait pas. Vous l'avez repris à la 24ème minute pour le ramener à votre question sur la disproportion. Comme il vous ignorait, vous avez dit discrètement : "Donc vous n'y répondrez pas." Malheureusement cette phrase vous l'avez vraiment dite trop discrètement. L'image n'était pas sur vous et le premier ministre continuait sa péroraison d'une vacuité abyssale. Quand on sort des expressions comme "les valeurs immobilières c-à-d. le patrimoine immobilier" c'est vraiment qu'on cherche à endormir le téléspectateur. Je n'ai donc entendu votre phrase qu'à la troisième écoute en replay. Combien de téléspectateurs l'ont entendue en direct ?

Ensuite notre cher premier ministre (il apprend vite à noyer le poisson celui-là) est parti dans une démonstration de 4 minutes avec des arguments étonnants et une longue diversion sur Michel Sapin. Avec Léa Salamé, vous avez eu le plus grand mal à le ramener à votre sujet l'ISF. Vous avez encore fait une tentative sur les signes extérieurs de richesse (yacht, jets privés) mais macache, la macronie veut attirer des gens riches en France.

Revenons rapidement sur un de ses arguments. Depuis 2000, 10 000 contribuables français ont quitté le territoire pour fuir l'ISF. Excellent principe à généraliser : quand les citoyens ne veulent pas d'une loi, supprimons la loi.

  • Les très riches ne veulent pas payer l'ISF. Supprimons l'ISF.
  • Les chauffards ne veulent pas respecter les limitations de vitesse. Supprimons les limitations de vitesse.
  • Certains patrons veulent pressurer leurs salariés comme des citrons. Supprimons les protections des salariés. Ah oui ! ça c'est en cours.

Pour éviter cet exil fiscal, vous auriez pu lui proposer l'impôt citoyen tel que proposé par Dominique Strauss-Kahn en 2007 et proposé actuellement par Jean-Luc Mélenchon sous le nom d'impôt universel. L'impôt n'est plus seulement basé sur la résidence mais aussi sur la citoyenneté. Si vous êtes français vous payez un impôt en France. Exemple :
Vous résidez au Luxembourg (qu'est-ce qui m'a fait penser au Luxembourg ?). Selon la loi luxembourgeoise vous devez 1000 € d'impôt sur le revenu, selon la loi française 2500. Vous payez 1000 € au fisc luxembourgeois et 1500 € au fisc français. Fin de l'exil fiscal ou alors les Florent Pagny et autres devront renoncer à la nationalité française. C'est le sort des contribuables américains depuis très longtemps.

Pour conclure, Monsieur Lenglet, je dirais que j'ai trouvé vos questions excellentes mais votre intervention manquait de mordant. Recevez mes salutations les meilleures.

 

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